Tu t’appuies contre la porte devant moi,
Grand, non rasé, bras ballants,
Un sac de voyage trop ample à tes pieds.
Je fixe la planche à repasser, incapable
De parler. Mes doigts déplient le col
de chemise avant d’y faire traîner le fer.
Locomotive à vapeur se frayant un chemin
Par une nuit de neige. Métal mélangé à vapeur.
Une bruine te frôle, puis quitte la pièce.
Cinq ans plus tôt, la dispute t’avait rendu
Libre. Ton père, te chassant à coup d’injures
Hors de la maison par un après-midi lumineux.
Dans une heure, il rentre du travail.
Ce qui pend dans l’esprit, une manche
Froissée, des plis évidents. La bruine captive
S’agenouille-t-elle devant un voyageur dans un train
En route vers un canyon de sel.
Trop, déjà, a été exigé.
Une locomotive solitaire, la salle d’attente,
L’appel sauvage.
Mai Der Vang, traduction de Marc Charron, « Jours de 1987 », L'après-pays, Mémoire d'encrier, 2021, p. 62-63.