Jour de 1987

Tu t’appuies contre la porte devant moi,

Grand, non rasé, bras ballants,

 

Un sac de voyage trop ample à tes pieds.

Je fixe la planche à repasser, incapable

 

De parler. Mes doigts déplient le col

de chemise avant d’y faire traîner le fer.

 

Locomotive à vapeur se frayant un chemin

Par une nuit de neige. Métal mélangé à vapeur.

 

Une bruine te frôle, puis quitte la pièce.

Cinq ans plus tôt, la dispute t’avait rendu

 

Libre. Ton père, te chassant à coup d’injures

Hors de la maison par un après-midi lumineux.

 

Dans une heure, il rentre du travail.

Ce qui pend dans l’esprit, une manche

 

Froissée, des plis évidents. La bruine captive

S’agenouille-t-elle devant un voyageur dans un train

 

En route vers un canyon de sel.

                 Trop, déjà, a été exigé.

 

Une locomotive solitaire, la salle d’attente,

L’appel sauvage.

Référence bibliographique

Mai Der Vang, traduction de Marc Charron, « Jours de 1987 », L'après-pays, Mémoire d'encrier, 2021, p. 62-63.

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